Pourtant là bas le cinéma c’était une institution. A une époque où il n’y avait ni télévision, ni DVD , ni internet c’était un loisir populaire. Des cinémas de quartier il y en avait partout. Des bâtiments construits par les colons dans les années 30, souvent dans le style art-déco : Westerns, films indiens, cinéma muet.. au fond peu importait le film, le cinéma, on y allait par plaisir, pour l’ambiance, pour les deux heures d’évasion et de rêve. Souvent les salles étaient polyvalentes et servaient aussi de théâtre. Ces salles mythiques, véritable patrimoine architectural, disparaissent une à une, victimes de l’avidité des promoteurs, de la vétusté des équipements, des problèmes de distribution et surtout de la désaffection du public, mais non de son désintérêt : on a commencé par acheter les DVD piratés. Un film qui sortait le mercredi était vendu dès le samedi dans la rue en toute illégalité. Puis est venu l’avénement de you tube, du streaming et des salles multiplexes.
Ces salles mythiques ont quasiment disparu et ceci malgré les actions deployées par les associations de sauvegarde des cinémas comme ATAC en Tunisie ou save Cinemas in Marocco qui essayent de sensibiliser le public à la préservation de ces espaces et d’alerter les autorités, avant qu’il ne soit trop tard.
Au Maroc il ne reste plus qu’une quarantaine de salles. Et la mobilisation pour les sauver est très importante. Car par ailleurs on compte pas moins de 60 festivals qui essayent de promouvoir la culture cinématographique et de débattre des grands problèmes qui freinent son essor, comme les problèmes de distribution et bien sûr la disparition des salles
Le 17 avril 2015 dans le cadre du mois du Patrimoine au Maroc (18 avril-18 mai) auront lieu à Casablanca des Assises sur l’avenir des cinémas à l’abandon de la ville de Casablanca, Une rencontre organisée par le ministère de la Culture et l’association « Save cinémas in Morocco ».Tarik Moumim, président fondateur de cette association née en 2007, attend de ces Assises l’établissement d’un véritable plan de sauvetage de ces lieux d’histoire et de culture en péril. Un exemple que nous ne prenons pas au hasard puisque nous travaillons d’arrache-pied sur un projet concernant l’architecture de la ville de Meknès . Regardez à ce propos la rubrique « wiki » sur ce même site! Le problème des cinémas en déperdition est si important que l’Institut français y consacre toute son énergie. Quelques éléments de réflexion.
Diwan-Centre qui organise pour la cinquième année consécutive un festival des Cinémas de la Méditerranée avec le Cinéma des Carmes et les associations partenaires ne peut que s’associer à ce combat, initié d’ailleurs dès la première édition du festival en 2011 avec l’exposition des photos de Benoît le Roux « Ciné Maroc » que vous trouverez sur son site. 1
Ces photos magnifiques d’un cinéma de Marakkech qui n’était plus que l’ombre de lui même .