Dans son article de 2015, « Maghreb, cinémas en danger » , Diwan-Centre avait évoqué le problème de la disparition progressive dans tout le Maghreb des cinémas datant de la colonisation. Des bâtiments, construits dans les années 20 qui témoignent d’un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître! Un patrimoine architectural et culturel dont la préservation est encore plus compliquée qu’en France.
C’est à cette date que Benoît le Roux, photographe orléanais amateur, a pu prendre des clichés du premier cinéma construit au Maroc, le cinéma Eden. Des clichés artistiques qui ont aujourd’hui une valeur historique puisque ce cinéma n’existe plus. A notre connaissance il ne restait en 2023 qu’une dizaine de ces salles dans tout le pays.
L’Eden se situait Rue Riad Zitoun à Marakkech, au sud de la place Jmaa el Fna. Il avait été construit fin 1912, soit à peine six ans après le premier cinéma parisien. Jusqu’en 1919 c’était le seul cinéma de la ville. Son propriétaire était Monsieur LEUTHARDT, un organisateur de spectacles algérien, également propriétaire de l’Alhambra d’Alger. A côté du cinéma, se trouvait la « Brasserie des jardins ».
De nombreuses autres salles vont ouvrir par la suite : le mythique » Ciné Palace » construit en 1926 par Serge Escharavil dans le plus pur style Art déco et le « Régent » en 1928. C’étaient des cinémas théâtres avec une scène, un balcon, des coulisses, une fosse d’orchestre. L’Eden et le Regent étaient affiliés à Pathé Cinéma et gérés à Casablanca par les établissements Seiberas. 
Ces salles avaient su se moderniser, et résister à la concurrence et sont restées en activité bien après la fin du Protectorat. Le Ciné Palace a fermé en premier ses portes en 1984 ; l’Eden avait tenu jusqu’en 2009. Un an plus tard la salle avait été réhabilitée grâce à un projet de l’assocation « Save cinemas in Marocco » avec la collaboration de l’Ecole supérieure des arts visuels de Marrakech, de l’Ecole Nationale d’Architecture de Rabat et de l’Ecole Spéciale des Travaux Publics de Paris.
Malgré cette réhabilitation, qui avait coûté 3 millions de dirhams, trois ans plus tard une opération de mise en chantier avait détruit une partie de la façade. Il a été définitivement démoli en 2019 malgré la loi encadrant la démolition des cinémas au Maroc et une ultime pétition adressée aux autorités pour sauver ce lieu.
Diwan-Centre a le plaisir de vous annoncer que les photos de Benoît le Roux qui avaient été exposées en 2015 au Cinéma des Carmes pour le Festival « Printemps et Cinémas du Maghreb » seront prochainement exposées au Consulat du Maroc, rue Claude Guillemin à Orléans la Source.
